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laisses tomber chaque jour en passant tes bénédictions sur ma tête !

— Ma religion est celle qui doit assurer le bonheur de l’homme ; elle a pour principe la Révolution, pour dogme l’Attrait, pour appui la Justice, et la Liberté pour règle. Par elle, j’en ai la foi, l’Humanité doit accomplir ses destins au milieu de la Nature. — Mais il me faut un culte pour exprimer mon allégresse en présence des merveilles de l’univers étalées sous mes yeux. Car il est des moments où la société de l’homme, l’amour de la femme, l’étude de mon être fini ne sauraient me suffire. Dans ces heures de contemplation sublime je m’élance de tous mes rêves dans l’espace, dans l’avenir, dans l’immensité, dans l’éternité. —


Alors, vers toi Soleil, monte ma prière fervente. C’est toi que j’adore à l’exemple des plus beaux peuples, des bergers de Chaldée, des rois d’Orient, de la reine de Saba, de Cléopâtre, de Zénobie, de Sardanapale, du voluptueux Salomon, des enivrantes filles du sérail et des sages de l’Inde au culte glorieux ! Rien n’est grand, rien n’est pur, rien n’est divin comme ta face auguste. C’est toi qui fais éclater l’argile, le bois et le marbre avec lesquels les pygmées de ma race élèvent des statues à leurs Dieux mensongers ; c’est toi qui réduis en poussière leurs momies, leurs reliques et leurs temples obscènes.


Chaque heure de ta marche triomphale est mar-