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gards jaloux ? Quand te plaira-t-il de les dissiper avec un sourire ? Sont-elles comme le souvenir de ces révolutions constantes qui secouent les éléments, les confondent et les séparent alternativement ? Sont-elles restées là comme la barrière, la barricade, le signe, le clou, le caillou faste apposés par la main de la nature aux parois de son temple, le splendide univers ? D’où viennent-elles, où vont-elles, s’arrêteront-elles jamais ? Ont-elles fait bien du chemin depuis qu’elles se traînent, comme de grands vers blancs, sur l’écorce du globe ? Combien de sources, de ruisseaux, de fleuves, de rivières, d’éblouissantes cataractes, de soudaines avalanches, d’épouvantables tremblements de terre renferment-elles dans leurs entrailles, ces machines de Troie ? Que d’horreur et de fécondité répandues sur leur existence !


Quand tu souris au pôle de tes rayons obliques, Soleil, quand tu le fais reluire comme un bouclier d’or, ne découvres-tu pas dans ses flancs glacés des promesses d’avenir, des terres fertiles, de vastes forêts ? Ne soulèveras-tu point quelque siècle le blanc linceul qui les recouvre, ne les ressusciteras-tu point en les fixant en face de ton regard terrible ?


Soleil, que vois-tu quand tu plonges dans les mers profondes ? Y dort-il d’autres Alpes prêtes à dégager de l’Océan les diamants de leur couronne ? Les îles, ces corbeilles de fleurs qui se conservent dans l’eau des mers, ne sont-elles pas comme les images réfléchies de nos vertes montagnes ? Et les