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ne va pas te comparer tout d’abord avec les univers. Ne définis de Dieu que ce que tu peux voir, ne veuille en pénétrer que ce que tu combats. Déblaie ton chemin pas à pas, pierre à pierre. Ne prétends pas au but sans de très grands efforts, ne compte point les peines, ne crains pas le travail. Mollement, mollement ! un mouvement après l’autre ! chaque chose en son temps !

Autrement la crainte te gagnerait au milieu de la route. Et tu défaillirais. Et tu laisserais aller tes bras après tes jambes, ta 98 tête après tes bras au courant des abîmes ! La pauvre vie que nous menons est une continuelle menace ; nous la traversons tremblants. Et le seul moyen que nous ayons d’échapper à la mort rapide, c’est de n’y point songer !


Salut ! ô Liberté. — L’eau c’est la rosée, la pluie bienfaisante, l’iris, la neige et la fécondité. L’eau rajeunit tout ; elle fait revivre la plante flétrie, le convalescent et le malade ; elle nous accorde l’oubli du passé, l’espoir en l’avenir. C’est le Léthé des Grecs, le Jourdain des Chrétiens, le Gange des Orientaux. Dans toutes les religions l’eau signifie limpidité, pureté, fraîcheur, bien-être, bonheur infinis. — L’eau, c’est la Liberté !

Salut ! ô ma Déesse. Dans la vapeur d’azur j’entends battre tes ailes. Tu nais du frais Léman comme l’inspiration de nos êtres ravis. Tu voles sur les vagues, sur les flancs des Alpes, sous le clair firmament. La terre t’est promise, tu