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les ruisseaux de fange voltigent les insectes aux appétits immondes. Là tout n’est que désordre, torpeur, asphyxie, compression, désolation ! Telles nos sociétés. Mais l’eau reprend son cours limpide, mais la gangrène tombe en poussière de charbon, mais rien ne demeure stagnant sur le globe qui tourne. Tout mûrit au soleil, tout verdit à la pluie ; dans sa course sans fin la Révolution redresse les torts, répare les injustices, sauve les hommes et les empires. »

— Donc j’ai suivi la clameur de ma conscience. Et je publie ce livre pour défier les tribunaux, les gouvernants et les avortons d’hommes qu’on appelle des rois.

Et je sème ; et je chante, et je crie : Liberté !


J’ai dit en mon découragement :

Pourquoi persister dans une lutte sans espoir ? Pourquoi ne pas t’abandonner sans résistance à l’égoût aux eaux noires qui promène la honte par tous lieux d’Occident ?

Impudeur des impudeurs : ah ! tout n’est qu’impudeur !

Et la Raison m’a répondu :

« Ta fierté t’appelle : suis-la ! — Parmi tous ces coureurs de fortune, ces diplomates d’antichambre, ces orateurs de salon, ces crocheteurs de fonctions serviles, parmi tous ces gueux en habit noir, relève-toi, dresse-toi comme un remords vivant. La Gloire est la fille libre que réjouissent l’air des monts, le grand soleil et le feu du tra-