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disparaître ainsi l’intermédiaire capitaliste qui sépare l’écrivain de l’ouvrier.

Voyez à combien de relations sociales, d’avis, d’annonces, de programmes, de prospectus, de lettres de faire part, de bulletins, de communications de tous genres s’applique maintenant l’imprimerie. À mesure que la population s’accroît, que les intérêts se fractionnent, que les individus s’émancipent de la tutelle des sociétés, l’impression remplace la parole et l’écriture pour l’échange des offres et des demandes, pour la mise en circulation de toutes les nouvelles. L’affiche accompagne partout le chemin de fer et le bateau à vapeur ; elle est devenue comme la voix de ces coureurs muets.

Nous touchons au moment où l’intelligence, longtemps paralysée par les prodigieux développements de l’industrie, reprendra son essor au moyen de mille procédés nouveaux. La Pensée ne saurait rester davantage à la remorque de la Matière ; elle doit avoir sur elle une revanche éclatante et s’affranchir définitivement de l’empire des intérêts.

Je prends en pitié les banquiers et entrepreneurs qui font beaucoup de volume de leurs richesses transitoires. Je leur affirme qu’avant un demi-siècle l’homme n’aura de valeur que par son habileté, son activité, son vrai travail, son esprit inventif et son âme aimante.

Alors tant pis pour ceux qui sacrifieront encore aux Dieux du paganisme ! Tant pis pour ceux qui