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enfoncer ses éperons jusqu’au fond de la gorge du Journal, passer le mors entre ses dents écumantes et le conduire à fond de train à l’abîme d’abjection. À la suite de cette razzia brillamment exécutée, les roquets et griffons 67 à plumes ont si bien senti leur échapper l’esprit public qu’ils ont définitivement renoncé à se frayer eux-mêmes un chemin aux honneurs. Maintenant ils cherchent à se faire remarquer du Pouvoir et s’estiment fort heureux quand celui-ci les achète. Ne pouvant plus devenir maîtres comme en Février, ils se font domestiques comme en 1815. C’est l’aveu le plus complet de leur impuissance à reconstituer désormais en Occident un parti d’opposition.

Nombreux sont aujourd’hui les lecteurs qui recherchent les travaux originaux et se défient du jugement des critiques, ces maigres insectes qui s’attaquent aux plus beaux fruits. Les comptes-rendus, les censures des journaux, les approbations, improbations, brevets, diplômes des académies, universités et facultés, les programmes des partis, leurs listes préparatoires électorales, la dictature exercée sur les intelligences, tout cela devient impossible comme le gouvernement, le code et la majorité sociale enfantés par le Privilège. — Alléluia !

Moi, je sème en chantant !