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son village lapident sans pitié toutes les fois qu’il met le nez dehors, — une demoiselle Cercueil qui vient de s’engager dans les liens roses de l’hymen, — deux Gagneur qui ont fait, l’un dans l’autre, une demi-douzaine de banqueroutes, — une douzaine de Lenoir qu’on pourrait montrer comme albinos sans voler le public, — des centaines de Blanc qui sont bruns, — des milliers de Brun qui sont rouges, — une infinité de Rouge qui ne le sont ni physiquement, ni moralement, — un Guerrier, célèbre épicier de Paris, — un Pâtissier, médecin, qui ne commit jamais une brioche pratique. — N’était-ce pas J. Lebon, ce proconsul à la ventrière tricolore qui, si fraternellement, envoyait ses concitoyens dormir dans l’Atlantique ? — Le célèbre bulletin du bombardement de Sweaborg n’est-il pas signé d’un amiral Penaud ? — Et moi qui écris ces lignes, 55 moi socialiste et proscrit, ne suis-je pas affligé du plus aristocratique de tous les noms d’aristocrates ?

Encore ces noms sont-ils les moins choquants de tous : on peut s’en rapporter à moi pour épargner à mon prochain des plaisanteries blessantes ! Je ne parlerai donc point de toutes ces innocentes victimes qui s’appellent par naissance ou mariage : Cocu, Pointu, Cornu, Cornard, Canard, Lechat, Cochonnet, Lechien, Lerat, Lebœuf, Fricot, Maraud, Chicaneau, Moineau, Moricaud, Chameau, Ribaud, Moutard, Morveux, Rogneux, Tondu, Brûlé, Pelé, Lécorché, Asdepique, Claquedent, etc., etc. Une pareille litanie serait nauséeuse, et