ont commencé sur notre frêle machine. La physionomie de l’homme prend l’empreinte de son âme. Déjà les traits de mon visage accusent la tension de mon esprit sur de tristes pensées.
Je me suis engagé dans ma route, sachant où elle me conduirait ; mais je me suis dit : que traîner ma vie dans l’oisiveté de mon exil, c’était mourir chaque jour plus péniblement encore, et avec moins de courage.
Donc, je marcherai sans crainte.
Jusqu’aux ateliers où l’homme souffre, jusqu’aux repaires où la vierge se prostitue, jusqu’aux bagnes où l’on martyrise les pauvres enfants… j’irai.
Je poursuivrai les gouvernements dans leur prestige, les partis dans leur hypocrisie, les privilégiés dans leur vol, les juges et les bourreaux dans leur crime légal, la famille dans sa prostitution, les nations dans leur isolement, les hommes dans leur servilité.
Tant que ma voix pourra se faire entendre, j’oserai ; tant que mon énergie vivra, j’oserai ; tant que dureront mes forces, j’oserai toujours.
33 Aussi loin que s’étende le monde, je m’avancerai ; je pénétrerai aussi profondément que se cache la misère ; je défierai Dieu, aussi haut qu’il se tienne.
Liberté, liberté ! donne-moi la force d’écrire, de penser et de vivre seul, jusqu’au jour où ma vie monotone pourra se retremper dans l’universel cataclysme.