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d’érudition qui, si nous n’y prenons garde, étouffera toute pensée ; rejetons le poison que la méthode et la routine inoculent dans nos veines, et qui nous use jour par jour.

Pour moi, j’aime mieux souffrir toute ma vie dans la révolte que dans l’esclavage ; au moins ne suis-je pas réduit à me mépriser. Les jésuites et les esclaves diront que je suis fou d’orgueil, je jure que c’est de liberté !

Malheur à qui reste impassible au milieu de la tourmente des sociétés ! Qu’on le jette à la mer, et que débarrassé de ce poids inutile, l’équipage s’avance, invoquant Colomb, Guillaume Tell et Vasco de Gama !

Malheur à qui veut se faire entendre au milieu des éléments déchaînés, lorsque sa voix n’a pas la force de dominer le hurlement des vents !

Malheur à qui redoute le ridicule, même en France, et ne sait 29 pas jeter à cette société servile une parole de mépris ou de menace !

Malheur à qui n’a pas observé et souffert dans ce siècle ! Jamais homme trop heureux ne trouva le temps d’interroger l’immensité de la nature et l’abîme de son propre cœur.




Pour faire passer la Révolution, comme un fer rouge, à travers ce siècle, une seule chose est à faire :

Démolir l’autorité.

Cette proposition n’a pas besoin d’être démon-