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INTRODUCTION COMME ON N’EN LIT PAS.



Il me faut des raisons pour soumettre ma raison.
J.-J. Rousseau.
Laissez dire, laissez-vous blâmer, condamner, emprisonner, laissez-vous pendre, mais publiez votre pensée.
P. L. Courier.


19 Encore un livre !… Quelle rage d’écrire pour un siècle qui n’a ni le temps, ni l’envie de lire ! Pensez-vous donc, homme orgueilleux, que votre faible voix dominera la voix de l’industrie et du commerce qui remplit le monde ? Espérez-vous que des hommes qui n’ont pas même le temps de dormir et d’être heureux, consacreront leurs loisirs à des questions sociales ? Ne voyez-vous pas que la faim les presse, qu’un besoin de luxe inassouvi les dévore ; que l’intérêt les a rendus sourds ; que leur sentiment est devenu pierre ; leur cœur, propriété ; leur cerveau, préjugé ; leur allure, habitude ; qu’ils n’ont plus de rapports entre eux que pour se voler ? Ne vous apercevez-vous pas que toute cette génération est dans l’attente d’un cataclysme épouvantable ; qu’elle en-