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Proclamez, trônes ! discutez, académies ! tonnez, chaires retentissantes ! Que les docteurs fassent blanchir leurs hermines ; qu’on passe un vernis tout neuf sur les statues vénérées d’Hippocrate et de Justinien ! Courage, mes maîtres ! Haussez vos prix ! Retranchez-vous dans la vieille citadelle du monopole ! Hérissez d’arguties, de formalités, de difficultés à vaincre ses murailles qui croûlent ; faites payer, afin que le vulgaire immonde ne puisse pas pénétrer dans le sanctuaire que les bourgeois ont élevé à la science.

Mais que cette science officielle devienne chaque jour plus emphatique, plus doctorale, plus burlesque, plus impuissante à force de substituer la parole stérile à la pensée féconde. Qu’elle remue la poussière des squelettes ; qu’elle fasse bouillir des os ; qu’elle poursuive des filets nerveux imperceptibles au milieu de la graisse repoussante ; qu’elle cherche la vie dans la mort, comme une hyène maigre ; que son inutilité, son ignorance soient prouvées avec éclat.

Qu’elle s’étiole et meure, comme tout ce qui persiste à végéter 11 dans l’isolement et l’iniquité ; qu’elle crève, asphyxiée par l’érudition : — le dernier bourdonnement des examens universitaires, le bruit des marteaux soulevés sur des crânes par des étudiants de seize ans, célébreront ses funérailles. De profundis !

Qu’enseigne l’École de Médecine ? — Les préceptes, les préjugés et les précautions nuisibles qui entretiennent la maladie parmi les hommes.