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Frappe le fer, ami, et que, plus rapides que mes heures de solitude, s’écoulent tes heures de travail !

10 L’industrie est la reine de l’univers, et les ouvriers sont ses chers enfants. Encore quelques années, et leurs forces, jusqu’ici comprimées, briseront les mains débiles qui les enchaînent.

Voyez ! comme ils sont nerveux et blêmes, les chercheurs de pensées, les hommes que ronge l’ambition, que l’orgueil et les petites jalousies consument. N’enviez pas leur sort. Leur vie se passe à feuilleter des livres poudreux, à répéter tout ce qu’ont dit les siècles, à chercher des inspirations tièdes dans des idées mortes, à polir et à raboter des phrases, à disséquer comme des fourmis le vieux tronc de la science officielle.

Interrogez la gloire ! qu’elle répète les noms qui remplissent le vide du xixe siècle ; tous appartiennent à des ouvriers. À vous longue vie ! Fulton, Jacquart, Arkwright, Franklin, Watt, Proudhon, qui donnas à la pensée la précision du calcul et l’aspect saisissant de la matière. À vous longue vie ! Vous êtes vraiment grands. Et longtemps après que seront oubliées les réputations éphémères qu’enfantent de nos jours l’intrigue, la réclame et l’or, la postérité redira vos œuvres dans ses chants de bonheur !

Frappe le fer, ami, et que, plus rapides que mes heures de solitude, s’écoulent tes heures de travail !