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heures de solitude, s’écoulent tes heures de travail !

Le fer est dur ; mais il procure une bonne fatigue, un sommeil réparateur, une santé robuste. Tandis que la pensée produit une fatigue fiévreuse, un sommeil délirant, une santé précaire.

Notre force grandit quand nous sommes aux prises avec une résistance que notre main peut saisir. Au contraire, elle s’épuise quand notre faible regard veut mesurer l’abîme de la science au fond duquel nous entraîne une hallucination dangereuse. Nos bras sont plus forts que notre tête.

Ce que tu sais, tu le sais bien. Jamais le doute et le découragement 6 n’ont traversé ton âme. En revenant de ton travail, jamais tu n’as soupçonné qu’un homme pouvait perdre sa journée. En avançant dans la carrière, jamais tu ne t’es demandé si tu ne reculais pas. Jamais tu ne t’es fait cette réflexion amère, que tu désapprenais peut-être.

Frappe le fer, ami, et que plus rapides que mes heures de solitude, s’écoulent tes heures de travail !

Heureux le bon ouvrier qui a reçu le jour d’une mère robuste, à qui son père a donné un métier honorable, et qui a épousé la femme que désirait son cœur !

Docile aux lois de la nature, il produit chaque jour, et chaque jour il consomme les produits de son travail.