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blia la première partie (seule parue) d’une biographie : Un grand écrivain oublié : Ernest Cœurderoy, Interne des hôpitaux de Paris, 1825-1862). Le projet d’une sélection d’extraits des écrits de Cœurderoy, que j’avais d’abord conçu, m’apparut bientôt comme un acte de vandalisme à l’égard d’une œuvre d’art que nul n’a le droit de mettre en pièces. Ce fut l’origine de la présente réimpression intégrale des Jours d’Exil, avec quelques corrections faites par l’auteur lui-même sur un exemplaire du premier volume conservé en Suisse. Quelque jour, peut-être, je ferai un recueil d’une partie de ses autres écrits.

La vie d’Ernest Cœurderoy jusqu’à 1851 nous a donc montré un jeune homme actif, sérieux et sans ambition, qu’on trouve toujours là où il y a du danger, et que sa loyauté absolue rend respecté dans son parti. À partir de 1852, il commence à parler en penseur indépendant, et tout change. On ne veut pas de critique, on ne veut pas d’un penseur, et l’isolement et le grand ban du silence le frappent. Mais il est de ceux qui grandissent par l’isolement, et son talent, j’ose dire son génie, se fait jour malgré la tristesse de sa vie, malgré le dépérissement de sa santé. À lui seul, il voit — et nous le dit en poète qui se révèle à nous avec un éclat toujours grandissant — ce que les penseurs les plus avancés ont mis soixante ans à trouver après lui ; et il