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traités par moi et lus par beaucoup de monde. Ainsi soit-il !




Quand le maçon a posé la dernière pierre d’un édifice, il plante au haut du toit l’étendard du travail ;

Quand le moissonneur a rentré la dernière gerbe, il cloue sur la porte de sa grange un bouquet d’épis et de fleurs des champs ;

Quand il a fini son temps d’esclavage, le soldat passe en travers de sa poitrine le beau ruban auquel est attaché son congé définitif ;

Quand le marin distingue les rivages de la patrie, il replie ses voiles et déploie dans l’air la flamme nationale ;

Ainsi moi, sur ce livre achevé je déploie le drapeau rouge, l’étendard de l’Avenir et de l’Humanité.

Car je ne suis d’aucune nation, bien que je les aime toutes ; — ni d’aucun parti bien que j’eusse pu être accueilli par tous ; — ni d’aucune profession, encore que je puisse en exercer plusieurs.

Mais je suis de toute nation et de toute société ; je suis homme. Et tout défigurés qu’ils sont aujourd’hui, les hommes ont encore un caractère commun : ils ont du sang. Le sang, le rouge, c’est le seul attribut de liberté première qui nous soit resté.