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1849 et 1850.


LE LÉMAN.




« J’aime le Léman et sa nappe de cristal. »
(Byron.)


283 Les eaux sont descendues du ciel pour nous donner le bonheur. Elles pénètrent dans les terres comme des artères de bienfaisantes, échangeant les produits des nations, répandant partout la fraîcheur et l’abondance. Les eaux rajeunissent. Les cieux et les collines se mirent dans les eaux. Les poissons heureux y vivent. Les Naïades et les Néréides se couchent dans leur lit vert ; les Nymphes y trempent leurs petits pieds. L’homme se plonge dans les eaux pendant les chaleurs brûlantes. J’adore le Léman, le grand lac d’azur, qui m’appelle tous les soirs d’été.

Suisse bien-aimée ! pourquoi m’as-tu banni ?

Il a sonné minuit. La lune couvre les eaux d’un voile de sang ; le ciel est sans nuages, la terre sans bruits ; depuis longtemps la neige est descendue des Alpes de Savoie. Le lac endormi se laisse caresser par la rame comme un enfant