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gées des coiffures indistinctement sacrifiées[1].

Alors, l’un d’eux prit un des chandeliers, brûla la corde qui retenait le large chapeau au-dessus des lumières, et toutes les lumières furent éteintes.

On se leva, on forma la ronde autour des deux rapières chargées de coiffures. Les Allemands chantèrent un admirable chœur.

Alors les épées furent détachées du plancher.

On reprit ses places. Les deux conducteurs recoiffèrent chacun en lui appliquant sur la tête deux coups de plat d’épée, avec accompagnement de nouveaux chants.


Jamais je n’aurais tant désiré savoir une langue étrangère, et jamais je ne la sus si peu. En Espagne, en Italie, en Angleterre, j’aurais pu comprendre quelque chose ; ici rien, absolument rien. Combien je maudis l’université de France et ses stupides programmes, et combien je fus peu avancé après l’avoir fait ! Nous autres chefs-d’œuvre de culture bourgeoise, nous ressemblons aux caniches qu’on jette à la rivière avec une pierre au cou et qui frappent inutilement l’eau à droite et à gauche pour ne pas se noyer. Le collège nous jette dans le monde avec une pierre au cou : — la plus lourde des pierres, l’ignorance.

Je suis curieux d’approfondir les mystères. Celui dont je venais d’être témoin m’intriguait in-

  1. Un chapeau criblé de blessures dans les épreuves du Landsfater est la meilleure des recommandations auprès des étudiants suisses.