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« On verra de la neige dans le Sahara brûlant ; on verra des vagues de sable dans le lit du Léman, et des passereaux sur le Mont-Terrible ; l’eau des mers deviendra douce avant que le souvenir de ce parjure soit effacé !


« Nous vivons dans un temps où les idées marchent vite ; nous serons vieux avant d’avoir atteint un tiers de siècle. La guerre épuise plus vite que l’amour ; le travail des nuits est plus mortel que la débauche. Qu’importe ? Luttons et travaillons ; enfonçons-nous dans l’avenir, chacun dans notre voie ; laissons-nous emporter au souffle des tempêtes. Abandonnons le repos aux 278 vieillards et le sommeil aux enfants. Notre âme est embrasée du feu qui ne s’éteint plus ; nous avons goûté le fruit de la science, fatal à la race d’Adam. Et qu’est-ce donc que la vie lorsqu’elle n’est pas dévorée par une grande pensée ? Et que nous fait la mort ? Elle nous rapproche de la Liberté.

« Je porte un toast à la République universelle !

« Vive la Liberté ! » reprirent toutes les voix.


Le tavernier s’éveilla : Écoutez ! La fiancée détache sa couronne de roses blanches, elle dénoue les tresses de ses cheveux, elle pleure. L’époux impatient délie sa ceinture et la couche dans les draps parfumés. Le veilleur a chanté minuit sur la tour de la cathédrale. »

« Et comment savez-vous cela, vieux diable ? » lui demanda-t-on. « Par la permission du pas-