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mes levés avec l’aurore, et la nuit viendra que nous n’aurons rien ébauché. Nous n’en voulons pas aux empereurs, mais à la société qui les fait. Nous voulons découvrir ses assises ; c’est là qu’il faut porter la flamme et la hache. Deux siècles ne suffiront pas à l’accomplissement de 276 notre œuvre. Nous ne pouvons pas, une poignée que nous sommes, couper toutes les racines de l’ordre social, attacher un câble au faîte de Saint-Pierre, et faire rouler la civilisation sur le sol comme un chêne centenaire. Nous marchons à la conquête des esprits et des moyens, nous sommes des pêcheurs d’hommes et des chasseurs de vérités. Nous avançons lentement mais sûrement, guidés par le flambeau de la science, nous préparons les armes et les conspirations de l’avenir ; nous ne pouvons détruire le présent que par l’étude

« Vos gouvernants savent que nous ne conspirons pas. Ils savent qu’ils mentent quand ils le disent. N’avons-nous pas échangé nos pensées ? Et si nous pouvions conspirer, ne devraient-ils pas être nos complices ? Tout ce qui se fait aujourd’hui, dans l’intérêt d’un peuple ne profite-t-il pas à tous ?

« Les conseils de la Suisse sont entrés dans la voie de l’oppression ; ils iront jusqu’au bout, jusqu’au déshonneur, jusqu’au crime. L’ambassadeur de Prusse leur a demandé Struve et Willich : ils ont livré Struve et Willich. L’ambassadeur d’Autriche leur a demandé Mazzini : ils ont livré Mazzini. « Ce sont des Allemands et des Italiens, di-