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Est-ce que tout cela leur appartient ? Auraient-ils apposé sur cette terre le timbre noir de leur autorité ? Et cette terre n’aurait-elle pas entr’ouvert ses entrailles ? Ne les aurait-elle pas refermées, mugissante, sur des hommes parjures ? Les eaux n’auraient-elles pas crié : honte et mort ! Les corbeaux ne leur auraient-ils pas crevé les yeux ?

« Ils nous accusent de conspirer… Et avec quoi ? grand Dieu ! Nous subsistons à peine et nous entretiendrions des armées ? Dérision amère ! — Et contre qui ? Contre l’empereur des français ? Ah ! qu’il vive de longues années, et que ce soit là son supplice ! Eh ! qu’est-il donc cet homme ? L’expression d’une société sans honneur et sans courage, qui le remplacerait par un de ses semblables s’il venait à lui manquer ; qui le méprise, l’insulte et ne le subit que parce qu’il lui faut le fer d’un assassin pour conserver son or de voleuse.

« L’acier des régicides ne brillera plus sous le soleil. Nous ne salirons pas nos mains avec le sang des rois. Ces meurtres sont inutiles. On ramasse les couronnes dans la fange, on les refond, on y ajuste des diamants et des aigles. Puis on prend des têtes dans le tas des mendiants princiers qui courent le monde, on leur passe un peu d’huile sur le front, on les fait asseoir sur de grands fauteuils et on leur apprend bien vite à commander… La mauvaise besogne est toujours à refaire.

« Notre tâche est plus longue. Nous nous som-