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est une conséquence de la République Universelle. Malheur à qui l’enfreint et porte une main brutale sur son inviolabilité. Je dirai tout ce que j’ai à dire.

« La justice est éternelle ; l’iniquité retombe sur ceux qui la commettent. Mes paroles seront sévères. Dans d’autres pays elles passeraient pour le cri de la haine ou de l’ingratitude ; elles seront accueillies parmi vous comme une opinion qui mérite examen.

« Nous sommes venus à vous, il y a tantôt deux ans, chassés de notre pays pour avoir défendu dans Paris la République romaine. Pendant plusieurs jours, nous avions erré dans le Jura, buvant aux sources et mordant aux prairies. Nos pieds étaient écorchés, nous avions faim et soif, nous ne savions où coucher.

« Nous sommes venus à vos gouvernants et nous leur avons dit : Vous êtes des républicains et vous êtes des hommes. Rien ne vous manque. Nous sommes dans la plus extrême détresse. Assistez-nous : c’était la coutume de vos pères.

« Et vos gouvernants nous ont accueillis avec empressement. Ils ont tendu de rouge les salles de banquet ; ils ont émondé les chênes de Sauvablain pour en faire des couronnes à la démocratie. Ils ont confondu les couleurs de la Hongrie, de Rome et de Venise, et sur ce faisceau d’étendards, ils ont écrit ces mots : « On ne peut détruire par la force la Liberté de tout un peuple. »

« Ils ont tendu de rouge les salles de banquet.