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« À la République Universelle dont nous pouvons voir dans l’avenir, la large route bordée de fleurs, dont nous pouvons suivre dans le passé l’étroit sentier jonché d’ossements.

« Vos pères, comme les nôtres, y ont laissé les leurs. Guillaume Tell et Winkelried, Zwingli comme d’Erlach, Davel et Henzi, et Nicolas de Flüe, et Bonnivard combattirent pour la Liberté du monde.

« Les os des morts sont divisés en deux parts. Les uns pourrissent dans les champs de Morat et de Sempach : ce sont ceux des ennemis de la Liberté. Les autres ont été recueillis dans les temples de Berne et de Küssnacht, ce sont ceux de ses défenseurs.

« N’y a-t-il pas quelque part, — je ne veux pas dire où, — sur cette terre républicaine, un lion de bronze élevé à la mémoire des mercenaires qui défendirent le trône de Charles X ? Rasez ce monument de honte. Qu’importe que ces hommes fussent Suisses, s’ils étaient esclaves ? Rendez leurs os aux rois qui les repousseront du pied, parce qu’ils ne sont plus recouverts de chair à canon.

« La guerre civile s’est généralisée dans toute l’Europe. Que la France impériale attaque demain la Suisse républicaine, et demain nous partageons avec vous les hasards de la guerre, jusqu’à ce que la pointe de nos glaives se soit émoussée contre les têtes qui se courbent.

« C’est se suicider que de servir les rois !

274 « Étudiants de l’Helvétia ! Le droit d’asile