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Ceux qui étaient restés à dormir devinrent aides de camp du gouvernement provisoire et portèrent de beaux panaches. Il y a un proverbe en France qui dit : « Le bien vient en sommeillant. »

« Depuis, la honte des Écoles s’est étendue comme une tache d’encre sur un papier qui boit. — Au 15 mai 1848, les étudiants poursuivirent de leurs calembourgs ceux qui se levaient pour la Pologne. « Les morts ne reviennent pas, » chantaient-ils en buvant. Qu’en savent-ils, eux qui n’apprennent qu’à condamner et à disséquer ? — Dans les Journées de Juin 1848, ils se cachèrent dans la garde bourgeoise, et fusillèrent des vaincus, leurs voisins d’amphithéâtre ; ils en dénoncèrent même ! ils ne comprenaient pas qu’on demandât du travail ! — Au 13 juin 1849, ils furent moins spirituels et plus lâches que les journaux de la réaction ; ils surent à peine répéter la leçon du Constitutionnel. — Depuis, ils sont morts dans une trop longue vieillesse.

« La Science, la valeur, le travail et la joie, tout cela est mort dans les écoles de France. L’Université, c’est un cadavre. Nous qui voulions vivre, nous avons été nous retremper dans l’Océan populaire, source de force et d’imagination. Oh ! ne vous cloîtrez pas dans les prisons académiques où l’âme se dessèche, où la source de la pensée se tarit. Vivez dans l’humanité. Tout ce qui s’en isole est condamné à mourir.

272 « Vive la Liberté ! reprirent toutes les voix. »