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cusés républicains l’appui de leur influence, et les condamnations politiques étaient autant de triomphes pour la démocratie. Les soldats étaient las de les harceler sans résultat ; l’opiniâtre provocation de la police échouait elle-même contre leur crédit et leur bonne entente.

« À Lyon, en 1831, deux jeunes gens, récemment sortis des Écoles, guidèrent cette formidable armée de prolétaires qui écrivit sur son drapeau : « Du travail ou du pain. » terrible devise ! À la pointe du glaive ils furent victorieux, et pendant quelques jours la ville reconnut leur pouvoir. À la pointe de la langue et de la plume, ils furent vaincus, et l’autorité rentra dans la ville insurgée, canons roulants, mèches flamboyantes, baïonnettes pressées, ne promettant déjà plus rien à la souveraine multitude dont elle avait baisé les genoux.

« Dans les combats sanglants que la République et la Royauté se livrèrent à Paris et à Lyon en 1834 et 1836, les étudiants fournirent des héros, des morts et des prisonniers. Ces derniers souffrirent plus longtemps que les autres ; ils comparurent devant les juges, tête haute, regard enflammé, bras droit tendu. Ils leur firent 270 honte de leurs apostasies et de leurs lâchetés sanguinaires. Tremblants de rage et de peur, les exécuteurs royaux feuilletèrent les vieux codes et leur appliquèrent les peines les plus lentement torturantes : la déportation à vie, la mort civile ; ils ordonnèrent que leurs noms fussent affichés sur les poteaux de la Grève.