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berté. Également fidèle à la sienne, notre République brisera les couronnes sur les crânes éburnés des royautés d’Europe. Malheur à la maison d’Autriche !

Il continue : « Charles-le-Téméraire était un puissant seigneur. Sur les deux penchants du Jura, sur les rives du Léman et les bords du Rhône, on redoutait son nom. Il voulut soumettre la Confédération. — « Que venez-vous chercher parmi nous ? lui dirent les hommes de Schwitz. Nous ne fondons que le fer, et nous ne craignons pas la mort. » — Il s’avança cependant à la tête de soixante mille guerriers. Sur les hauteurs de Grandson se déploya son armée resplendissante. Dès le matin, le cri des clairons précéda le silence de la mort. Quand brilla le soleil de midi, l’armée suisse, forte de vingt mille hommes, s’élança tout entière dans la mêlée sanglante ; les massues résonnèrent sur les casques, la lance heurta la lance, les sillons furent gorgés de sang. Les Bourguignons entraînèrent Charles-le-Téméraire dans leur fuite. Le soir, les échos du lac de Neuchatel répétèrent les accents de victoire de la trompe d’Uri.

« Ce n’était pas assez. Jaloux de venger sa défaite, le duc revint ensuite avec une armée deux fois plus nombreuse ; il rencontra les confédérés dans les champs de Morat. Ce fut un choc immense ; la terre en retentit jusque dans ses entrailles ; elle fut jonchée de morts. Charles-le-Téméraire n’échappa qu’à grand’peine ; il rentra dans Genève, couvert de honte, avec quinze hom-