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sein se mêlera chaque jour davantage aux travailleurs révolutionnaires.




Voici dans quelles circonstances je devins membre de l’Helvétia.

Le 24 février 1850, la section vaudoise de cette société célébrait le souvenir de la dernière révolution du canton. C’était aussi l’anniversaire de nos journées de 1848. À cette occasion, les étudiants de l’académie de Lausanne se rappelèrent que Dubreuil et moi, nouvellement sortis des écoles de France, nous étions réfugiés chez eux. Ils nous invitèrent, et nous fûmes heureux d’aller échanger nos aspirations avec les leurs, et d’attiser sur ce point le rouge incendie de la Révolution.

Dans l’étudiant suisse on retrouve l’étudiant allemand : même hospitalité, même simplicité naïve, même caractère rêveur et 263 fantasque, même réserve dans les premières entrevues, même confiance illimitée plus tard.

La première taverne venue leur est bonne, pourvu que la table soit spacieuse, les bouteilles larges, les verres hauts, le tavernier peu susceptible, et les voisins un peu durs d’oreille. Quand une fois ils ont choisi leur siège social, la foudre ne les en chasserait pas. Il semble que leur esprit s’identifie avec les localités, et il faut des motifs bien graves pour qu’ils se séparent de leur hôte. Le plus souvent, c’est l’hôte qui se sépare d’eux.