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nationales. Les siècles à venir sont le domaine de votre 262 pensée ; vous avez pour archives l’universalité des gloires humaines ; le monde est votre patrie.

Peut-être eussiez-vous dû prendre un nom moins patriotique et moins latin ? Ce nom-là vous aura été proposé par quelque pédant universitaire, et vous l’aurez adopté sans y réfléchir autrement. Confondez-vous aussi davantage avec les classes travailleuses, les seules qui aient intérêt à faire la révolution sociale, les seules qui la feront. N’oubliez pas qu’avant d’être étudiants et Suisses, vous êtes hommes, et jeunes hommes. Soyez fiers de la gloire de vos pères ; ils ont fait leur œuvre, et peu de terres contribuèrent plus que la vôtre au triomphe de la liberté. Mais le travail fait ne dispense pas du travail à faire, et noblesse oblige.

Persuadez-vous enfin que les confréries ne sont plus de ce temps. Les hommes d’aujourd’hui sont possédés d’un besoin de travail et d’examen qui les ravit à l’empire des solidarités et des programmes. Votre société se compose d’éléments trop hétérogènes pour durer longtemps. Les jeunes socialistes universels qui en sont l’âme ne s’accordent déjà plus avec les gouvernants, les avocats et les ministres qu’ils ont eu l’imprudence d’introduire au milieu d’eux comme membres honoraires. Les honneurs détruisent tout sentiment de liberté et d’équivalence. Les débris de la société l’Helvétia resteront aux mains des derniers gouvernementaux. Tout ce qui a force et vie dans son