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jourd’hui. Vous trouverez des professeurs, des docteurs, des officiers de santé, des médecins d’hôpital, des rebouteurs, des chirurgiens qui sauront assez proprement escamoter une jambe ou battre du tambour sur la poitrine d’un pauvre homme ; d’autres, charlatans, qui connaîtront les secrets de la réclame ; d’autres, économes, qui auront appris la tenue des livres très convenablement ; d’autres, micrographes, qui vous diront au plus juste dans quel imperceptible pertuis passe tel imperceptible filet nerveux ; d’autres, bibliothécaires et érudits, auxquels n’aura échappé aucun détail de la vie privée de Galien. Mais vous ne rencontrerez pas un seul médecin, de ceux qui sont fiers de leur titre, qui comprenne que toutes les sciences s’enchaînent et se fécondent ; que la question médicale et la question sociale se confondent ; que tout est dans tout, comme dit Jacotot ; qu’il n’y a pas d’île dans le monde de l’intelligence, comme Bacon l’avait dit avant lui. Vous n’en trouverez pas un, — encore moins dans le parti démocratique que dans les autres, — qui comprenne que la notion d’absolue liberté, qui est applicable à tout, est également applicable à l’étude et à la pratique de la médecine ; — que la propriété médicale doit disparaître avec toutes les autres, ou qu’elle les reproduira toutes. Et cependant quelques médecins 259 socialistes sont d’accord que la propriété, c’est le vol. Les médecins sont les pires des monopolistes, encore plus âpres à la curée que les avocats, parce qu’ils sont plus