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II. — Et moi je dis : « Malheur au pays qui reçoit des prêtres organisés hiérarchiquement ! Malheur au peuple qui nourrit des compagnies d’hommes privés de femmes ! car ces hommes boiront le sang de ses veines, et lui videront le crâne, et lui crèveront les yeux !

Il y a peu de villes aussi fortes que Fribourg. Il y a peu de races aussi robustes que la race suisse. Il y a peu de patiences aussi opiniâtres que celle des catholiques Sonderbundiens.

246 Mais à quoi bons les remparts aux villes que la trahison habite ? À quoi bons les muscles et le courage aux peuples, quand ils sont livrés ? Les murailles servent de prisons et de cloîtres ; les bras grossissent dans les travaux de l’esclavage ; les esprits s’engourdissent et croient par ce qu’absurde. Quand un peuple s’est abandonné ainsi, il suit la direction qu’on lui imprime, le conduisît-on à l’enfer.

Malheur au pays qui reçoit les jésuites ! Malheur aux Fribourgeois qui ne savent pas qu’il y a une différence entre l’homme et les bêtes domestiques ! Leurs pères étaient conduits, ils se laisseront conduire. Leurs maîtres sont des cadavres ; et leurs troupeaux, pas plus que leurs maîtres, ne sauraient leur donner l’exemple de la résistance !

Malheur au pays où jamais homme libre ne fit entendre sa voix !