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le voleur, par le poignard. Le banquier attaque, le voleur ne fait que revendiquer. Le voleur est le bon larron.

« L’usurier fait pendre le filou. Les petits vices se voient à travers les guenilles. La pourpre et l’hermine cachent tout. Que le crime soit couvert d’or, et la redoutable lance de la justice, impuissante, se brisera dessus. Qu’il soit revêtu de haillons et, pour le percer de part en part, il suffira d’une paille aux mains d’un pygmée. Il n’est pas de crimes, vous dis-je, il n’en est pas un seul ; je les absous tous. » (Shakespeare. — Le Roi Lear.)

Les têtes royales et les têtes condamnées portent des insignes qui les font reconnaître, un voile noir ou une couronne d’or. Les rois et les condamnés à mort sont gardés à vue ; ils attirent à eux seuls l’attention de la foule ; ils sortent précédés d’un piquet de troupes ; on crie chapeau bas ! sur leur passage. Les condamnés d’hier sont les rois d’aujourd’hui. Tout ambitieux doit faire bon marché de sa tête.

Les partis jouent avec les têtes des ambitieux comme avec des têtes de pavots ; et les ambitieux avec les bras des partis comme avec des bâtons de peuplier. Les honneurs et les biens que les hommes peuvent donner à leurs gouvernants valent-ils l’enjeu de la tête ? Je n’y sacrifierais pas la corne de mon ongle…

La société régnante conspire contre les chefs de partis ; les sociétés secrètes conspirent contre le roi. Lorsqu’ils sont vaincus, les chefs d’un