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reluire le crime et le couteau ? Qui fait la toilette du condamné ? Qui le montre au public pendant des mois entiers ? Qui le tire par la tête, qui l’écartèle ? Qui s’indigne sur son siège, protégé par un piquet de troupes, par la figure révolutionnaire du Christ, ô profanation ! et trop souvent, par le silence du peuple ? Qui passe des années à apprendre ce métier-là ? Vous, juges, que des milliers de mères et d’enfants poursuivent de leurs cris vengeurs, vous à qui revient la responsabilité de tout le sang répandu.

Et que faites-vous ainsi ? Rien de plus que n’aurait fait la mort quelques jours plus tard. Vous livrez un corps à la transformation physique et une âme à la transformation morale ; vous leur donnez la force en les replongeant dans l’universel chaos. Mais vous ne tuez de l’homme ni la matière, ni l’idée, éternels levains de revendication.

« Le méchant poursuit ordinairement l’affligé, mais sa violence lui descendra sur le sommet. Sélah ! »




C’est la loi de mourir.

Nous savons tous la place que nous occuperons sous la terre, et 238 que nous y serons couchés de tout notre long, et que nous y dormirons tranquilles. Mais nous ne savons pas si nous reviendrons droits ou humiliés parmi les hommes, nous ignorons si nous aurons de grands domaines ou seulement assez d’espace pour nous mouvoir, si