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Ils ne s’arrêteront pas ! La civilisation persévérera dans la violence par cela même qu’elle a conscience de son injustice. Voulez-vous qu’elle vienne vous faire l’aveu de ses fautes et qu’elle vous en demande l’absolution ? Voulez-vous que son gouvernement vous dise : j’abdique mes privilèges pour que l’humanité soit heureuse ? Quand donc a-t-on vu qu’un père confessât ses torts à son fils, un maître à son élève, un prêtre à un laïque, un agent de police à celui qu’il doit arrêter. Tous ces gens-là sont des gouvernants, et il y a un instinct de conservation aussi sûr dans le gouvernant que dans l’homme. Plus le pouvoir se sent menacé, plus sont formidables les appareils dont il s’entoure. C’est dans les temps de révolution, alors qu’elle est le plus honteuse de son rôle et le plus incertaine de son lendemain, que la magistrature déploie le plus de zèle et de terreur. Quelle justice voulez-vous attendre d’hommes qui n’ont guère qu’un estomac, une vanité et une place qui satisfait l’un et l’autre ? Ils ne s’arrêteront pas !

Non pas pour vous, mais pour nous, juges, ne faites pas tomber l’arbre d’exécution !

Arrosez-le de sang, le sang reproduit les libérateurs : graissez-le de chair humaine, il brûlera mieux quelque jour ; ne le faites pas réparer, l’acier fera plus de bruit en grinçant sur les têtes. 236 Ne perdez pas haleine, entretenez les hommes dans une terreur salutaire. Animez-vous donc, il y va de votre vie ; ce n’est pas assez de parer, il faut porter des coups. Traquez des coupables, inventez-