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Dans le corps humain, la maladie qui dure épargne-t-elle un seul organe ? De même si l’organisme social est malade, le système politique pourra-t-il être sain ? L’homme est un, sa vie est une, sa mort est une. Vous ne pouvez pas décapiter un homme politiquement, vous le décapitez, hélas ! très organiquement ; il n’y a pas deux façons de travailler un condamné ; demandez à M. Samson ? De même vous ne pouvez pas non plus décapiter la société politiquement, sans la faire mourir dans son organisme. Vous voyez bien que la nature réclame contre votre distinction. Reconnaissez donc, avec l’extrême minorité, que le crime n’est nulle part, ou, avec l’extrême majorité, qu’il est partout. N’admettez plus de circonstances atténuantes ni de motifs politiques. Soyez des hommes libres, ou des procureurs du roi ; ne soyez pas des hommes conditionnels et provisoires.

Une autre preuve que ces délimitations sont impossibles, puériles, pleines de dangers et d’erreurs, c’est que le parti qui est au pouvoir les interprète au gré de ses mauvaises passions. Quand il veut la tête d’un homme politique en temps de république française, il la prend sans s’inquiéter le moins du monde de la constitution républicaine. L’assassinat du général Bréat fut-il un crime politique ou un crime ordinaire ? Dites-moi quelle était la tendance 234 du gouvernement, et je vous répondrai sans avoir besoin de connaître les décrets qui régissent la matière. De quelle nature fut le crime de Montcharmont ? un crime ordinaire ;