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de la liberté et du travail des autres, je le tuerais de ma main, car tôt ou tard cet homme deviendrait ainsi l’arbitre de la vie des autres. »

Vous juges, et vous bourreaux, voilà ce qui se passera dans l’avenir. Montcharmont reviendra maître sur la terre, et vous vous retrouverez face à face avec lui : l’enfer ne vous en délivrera pas.

Tenez, vous dites qu’il est mort, mais vous ne le croyez point. Vous qui voyez le brin d’herbe et le nuage de fumée repris par le mouvement transformateur, vous qui croyez à l’immortalité de l’âme et la mission de l’homme sur la terre, vous dont les corps pourris ne sont point perdus pour les vers, vous savez bien que des âmes ainsi trempées ne s’égarent point. Montcharmont a commencé par vos gendarmes ; plus tard il vous tuera, vous, votre justice, votre police, vos exécutions et toutes vos autorités divines et terrestres !

Alors les hommes heureux se demanderont qui donc avait inventé ce mot d’autorité ? qui donc faisait croire à la nécessité du gouvernement ? qui donc ordonnait du poison pour entretenir la maladie ? Et ils reconnaîtront qu’il n’est plus besoin ni de médecine, ni d’autel, ni de tribunal, ni des charlatans, des empoisonneurs, et des escamoteurs de têtes qui en vivent.

Ainsi soit-il !




Juges, ne dites plus que vous jugez, dites que vous vous vengez. Quand vous annoncez que la