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leurs souillures. Car ils ont immolé des hécatombes humaines ; car on a trouvé dans les pans de leurs robes les têtes mutilées des plus nobles mortels.

227 » Un jour ils défièrent un homme du peuple qui s’appelait Montcharmont. Ils le traquèrent avec leurs gendarmes ; et cet homme tua leurs gendarmes. Alors ils violèrent l’asile que cet homme avait trouvé dans un pays voisin ; ils le ramenèrent en France, le traînèrent devant leurs tribunaux, le chargèrent de chaînes, le firent tondre par des valets de potence, le promenèrent parmi la foule avide de sang, le livrèrent à trois bourreaux, qui le vendirent aux carabins, qui le remirent enfin à la Mort. Jamais procès ne fut plus glorieux ; jamais homme ne fut mené à la croix par un chemin plus long ! Seul contre un appareil formidable, seul contre des lois de sang, seul contre une société sans cœur, seul dans sa défense, seul dans sa lutte au seuil de l’éternité, seul dans sa vie, seul dans sa mort, jamais homme ne fut plus grand que celui-là ! Respectez la mémoire du grand chasseur devant l’Éternel !

» Promenez-vous par les rues des villes, fouillez les maisons, montez sur les tours, appelez sur les places publiques ; — et trouvez un seul homme capable d’un pareil héroïsme. S’ils avaient été cinquante comme lui sur le sol d’Europe, la trompe des révolutions aurait retenti bien plus tôt. Mais les chefs des partis ressemblent à des paons bien repus, ils se font voir et se rengorgent pour qu’on les admire ; ils font l’amour avec les prostituées et