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III


Forcé de chercher un asile, Cœurderoy s’adressa d’abord au professeur Ricord, qui « le mit à la porte en lui disant qu’il ne protégerait jamais un anarchiste et qu’il n’avait que ce qu’il méritait ». Le Dr Roux, professeur de chirurgie à l’Hôtel-Dieu, et le Dr Mangon, tous les deux originaires de l’Yonne, lui donnèrent alors asile jusqu’à son départ pour la Suisse. Muni d’un faux passeport, recommandé aux soins du conducteur, il traverse en diligence sa chère Bourgogne, Besançon, la vallée de la Loue, pour être remis à un contrebandier, qui lui fit longer la frontière vers le midi, en passant au sud du fort des Rousses, pour aboutir au village suisse de Saint-Cergues, au pied de la Dôle. Il a décrit lui-même ce voyage et les premières impressions qu’il reçut de la nature suisse, dans le volume qu’on va lire.

À Genève, il rencontre des réfugiés de Paris et de Lyon, des Lombards et des Romains, des Badois, etc., et il commence à connaître et à étudier les maux de l’exil : mal du pays, oisiveté, mouchards. La femme de Ferdinand Jannot, de Louhans, représentant et réfugié du 13 Juin, qu’il soigne comme médecin, lui fait connaître