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défense, et faut-il vous apprendre que d’homme à homme toute défense est injuste — et inutile… Mais je deviens inintelligible pour des valets.

La société française est plus barbare que la société juive ; la mort du juste la laisse froide ! Les tribunaux actuels sont plus souillés que le tribunal de Pilate ; ils ne se lavent pas les mains ! La croix du Rédempteur est transformée en guillotine ! Pleurez, vous qui avez encore des larmes dans les yeux !




Ils disent qu’à travers les peuples et les âges, escortée par les philosophies et par les législations les plus sublimes, la peine de mort a tracé son sillon infléchi ; ils disent que l’universel consentement la justifie ; que la société doit sauvegarder la sécurité, la propriété, le travail et la vie de ses membres ; qu’elle a le droit et le devoir de se défendre quand elle est menacée ; et qu’enfin il n’est pas de moyen plus sûr d’empêcher les malfaiteurs de nuire que de les raccourcir de la tête. Les réquisitoires des procureurs du roi sont gonflés de ces éloquentes tirades, lieux communs attendrissants, élégies doucereuses, moralités de parquet, masques de vertu jetés sur l’horrible face d’assassins impunis, lâchetés de tradition, déclamations patelines qui font dresser les cheveux des honnêtes jurés. Et là dessus, les tribunaux mettent l’humanité en coupe réglée ; le sang leur monte au cerveau ; ils agitent leurs manches noires ; ils