de nous. Je leur réponds encore qu’il n’y a pas de droit contre le droit ; que le tricorne peut bien élever le gendarme au-dessus de la taille moyenne, mais qu’il ne le rend pas supérieur aux autres hommes ; et qu’enfin, quand un gendarme barre le chemin au droit, ledit gendarme doit s’attendre à être tué comme un chien, s’il trouve devant lui un homme libre.
Et puis, mes maîtres ! qui donc vous donne sur les champs, les eaux, les forêts et les animaux qui les peuplent, le monopole d’absolue 213 jouissance ? Je vous dis, moi, que ce privilège est le plus irritant, le plus scandaleux, le plus féodal de tous ceux qui subsistent, et que, pour beaucoup d’hommes, et des plus fiers, le besoin qu’il foule aux pieds est le plus impérieux de tous. Si vous avez des cœurs de chiens de meute, et que vous vous contentiez de donner de la voix quand un valet d’écurie vous le permet, vous ne pouviez naître plus heureusement que parmi les civilisés.
Mais à nous, hommes libres, il faut l’air des collines, les futaies, les ravins et les clairières, quand l’idée nous en prend. Il faut les chevaux hennissants, les haut-pieds hurleurs, la musique des fanfares, le chevreuil bondissant, le dix-cors aux abois, le sanglier furieux. Nous ne faisons pas de rêves d’épiciers quand nous avons fatigué tout le jour ou nos jambes ou nos têtes.
Quand les révolutions éclatent, allez dans les royales forêts de Fontainebleau et de Compiègne. Là vous vous convaincrez que la chasse est chère