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cours à tous les moyens que légitime la justice, que conseille le désespoir, et que la nécessité fournit ?

Mais je ne m’occupe pas de vos lois ; vous les avez faites à votre image, iniques, oppressives. Je demande à votre autorité et à vos juges.

Lorsqu’un homme tient le droit de vivre de l’universelle puissance, et lorsqu’il lui convient d’exercer ce droit en chassant, quelle raison équitable pouvez-vous alléguer pour le priver de la chasse ? Si telle est sa passion dominante, vous le tuez tout aussi bien ainsi qu’en allant l’attendre au coin d’un bois pour l’assassiner.

Vous, société, qui punissez les assassins, pourquoi donc prétendez-vous à l’impunité lorsque vous vous rendez coupable d’assassinat ? Est-ce parce que la majorité, le pouvoir, la loi, les gendarmes, la prison et la guillotine, que vous avez faits, sont forts ? Mais force n’est pas droit, et demain la force peut tourner contre vous. Et si l’on substitue la violence à l’équité, il n’y a plus une tête solidement fixée sur le corps qui la supporte.

J’entends hurler en chœur que la chasse est un divertissement, que ce n’est pas un droit ; et qu’alors même que ce serait un droit, on ne passe pas pour l’exercer sur le corps de deux hommes revêtus d’une autorité publique. Ce sont les moins criminalistes qui s’expriment ainsi.

Je leur réponds : qu’il n’y a pas d’échelle d’importance pour les différents droits, que la valeur de chacun d’eux dépend des attractions de chacun