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autre chose au milieu de vous, moi que vous avez condamné comme criminel, vous voudriez me défendre de glorifier les grands criminels ? Puisque vous m’avez décrété de mort en me laissant la vie, pourquoi donc ne me plairais-je pas dans la société des morts ? pourquoi donc ne réclamerais-je pas la complicité de leurs actes ? Que me reste-t-il de plus qu’à eux ? Une tête, une main et une bouche de fer : je tâcherai de m’en servir.

La société française est plus barbare que la société juive ; la mort du juste la laisse froide ! Les tribunaux actuels sont plus souillés que le tribunal de Pilate ; ils ne se lavent pas les mains ! La croix du Rédempteur est transformée en guillotine ! Pleurez, vous qui avez encore des larmes dans les yeux !




Mémoire d’un homme fier ! pour te réhabiliter, pour te glorifier, nulle voix ne s’est encore élevée du sein de l’esclavage social. La mienne ne te fera point défaut. Je ne gémirai point, je ne lèverai point les bras au ciel, je n’emprunterai ni l’accent pleureur des avocats, ni le teint des femmes qui s’évanouissent, ni le voile de l’anonyme. Je ne chercherai pas à rendre le public pitoyable, à attendrir les magistrats, à impressionner cette figure de cire qu’on appelle l’empereur des Français ! Pathos, couardise, temps perdu 209 que toutes ces lamentations de Jérémie ! Que les corbeaux du palais de justice, que les poètes élégia-