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les voix sœurs de l’éternelle Vengeance et de l’éternelle Justice.

« Les grandes villes commandent aux grands empires, et les rois commandent aux grandes villes. Mais Dieu commande à tout. Les plus fiers monarques et les plus hauts palais sont pesés dans la même balance que le dernier de nos pâtres et la plus basse de nos cabanes. Dans nos vallées paisibles, il n’y a pas de pauvres, et il n’y a de riches que les seigneurs étrangers. Ils voudraient implanter parmi nous des distinctions que l’équité réprouve. Mais cela ne sera pas.

« Que nous importent les nobles baillis de l’Autriche, les monceaux d’or, le faste, les sceptres, les hochets, les armures brillantes, les honneurs et les titres qu’ils nous vantent et qui sèment la discorde parmi eux ? Ce luxe peut suffire aux habitants des plaines ; ils n’en connaissent pas d’autre, et dissimulent leur pauvreté sous des noms pompeux.

197 « Nous sommes plus magnifiques que les sultans de Bagdad et les princes d’Ophyr, nous que la nature convie tous les jours à ses fêtes splendides. Nos monts verdoyants se mirent dans le cristal du Waldstætten ; nos vallées et nos cimes s’épanouissent au soleil levant et chantent leurs adieux au soleil du soir. Quel étendard plus pur que l’arc-en-ciel de nos cascades ? Où sont les diamants plus riches que ceux que les astres amis sèment dans les corolles des fleurs de nos champs ? Notre Helvétie bien-aimée sourit aux plus bril-