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traditions sacrées ; ils foulent, sous leurs pieds plats, les anciens traités de libre alliance ; ils concentrent la force, ils centralisent l’argent, ils ont juré la mort de l’indépendance.

193 Que les Suisses se rappellent le noble adage de leurs pères : « Aucune tyrannie, qu’elle vienne du dedans ou du dehors, ne peut pousser de profondes racines dans le sol de l’Helvétie. » Que les Suisses se souviennent qu’ils sont issus de reins indomptés ; qu’ils chassent du temple des lois les marchands de Soleure et les avocats de Lausanne ; c’est une coutume salutaire contre la tyrannie. Qu’ils se guident eux-mêmes dans les combats : les jeunes héros poussent, comme le lierre, dans les fissures des Alpes !

Écoutez, écoutez ! la guerre retentit sur toutes les Alpes !


Du fond des cavernes s’élève une voix : Hélas ! crie-t-elle, la forteresse des Alpes est toujours aussi puissante, mais le cœur de ses défenseurs s’est amolli. Ils sont devenus riches, industriels, docteurs. « La graisse leur cache le visage, leur bouche parle avec fierté. » Ils s’enrôlent, ils s’exilent dans les pays étrangers, ils passent les mers lointaines, poursuivant la fortune. Leur convoitise est devenue plus célèbre que celle des Juifs. Ils se sont livrés aux gouvernants et aux prêtres ; ils s’inclinent devant les ambassadeurs des rois ; à peine osent-ils avouer qu’ils sont républicains. La grande image du Libérateur flotte sur leurs co-