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Entre les sapins humides, les 191 troupeaux brâment pour s’éveiller. Le matin parcourt les cimes des monts.

Suisses ! voici l’heure où vos pères invoquaient le Dieu des batailles. Prosternez-vous sous le soleil levant, et relevez-vous dignes des Winkelried, des d’Erlach, des Henzi et des Davel, les héros de la liberté !

Écoutez ! écoutez ! La guerre retentit sur toutes les Alpes.


Entendez-vous le fracas des fourgons ? Voyez-vous s’élever des tourbillons de poussière ? Au loin les chevaux hennissent, les clairons appellent la mort ; un voile de pourpre s’étend des montagnes de Berne à celles de Neuchâtel. Des clameurs étrangères ont frappé l’oreille des aigles.

Ce sont les Cosaques. Voilà ceux qui boivent les eaux de l’immense Volga ; ceux qui passent les nuits humides sous le mince abri des tentes. Voici ceux qui creusent les flancs du Caucase, riche en métaux ; ceux qui lustrent leurs cheveux avec des graisses rances, ceux qui se jouent parmi les glaciers de l’Oural. Ils sont habiles à manier le cheval et la lance ; ils sont durs aux fatigues et sourds aux prières. Leur Dieu, c’est la guerre aux yeux rouges. Ils viennent des lieux où le soleil se lève !

Écoutez, écoutez ! La guerre retentit sur toutes les Alpes.


Une voix d’en haut leur a dit : Débordez de vos