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que sur les tombeaux, du moins prosterne-toi devant eux !

Gloire à toi, Liberté !




Flüelen est un joli village où le bateau vous débarque et où vous pouvez admirer l’embouchure de la Reüss, apportant du Saint-Gothard au lac le tribut de ses eaux. En suivant la vallée à laquelle cette rivière donne son nom, vous arrivez à Altorf, où deux fontaines remplacent le poteau qui supportait le chapeau de l’Autriche aux plumes de paon, et le tilleul où Walter Tell fut enchaîné avec une pomme sur la tête.

Ici, comme à la chapelle de Küssnacht, comme à l’ossuaire de 186 Morat, comme à Genève, lors de l’anniversaire de l’escalade, comme à Lausanne, en l’honneur du major Davel, comme à Glaris, quand on fête la victoire de Nœfels, la Suisse est toujours simple et symbolique dans sa gratitude.

Prairies qu’arrosent l’Aâr et la verte Reüss ; châlets perdus dans les grands pommiers d’Unterwalden ; routes sablées, bordées de fleurs ; paisibles lacs de Sârnen, de Thunn et de Zug, vallées de Frütigen et d’Alpnach ; beaux chevaux au poil luisant, hymnes des cloches bronzées, batelières de Lucerne qui fixez vos cheveux sur la nuque avec une épingle d’or ; bain glacial de Flüelen ; je n’ai joui de tout cela que quelques heures, mais je m’en souviendrai toute ma vie !