Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/327

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dés à la mémoire des grands hommes sont marqués d’un cachet symbolique ; ils rappellent leurs occupations, leur caractère et les actes qui leur ont mérité la reconnaissance des générations. C’est sur le socle même de l’Axenberg, à l’endroit où le glorieux archer s’échappa de la barque de Gessler, que 114 citoyens, qui l’avaient personnellement connu, inaugurèrent cette cabane ronde, simple comme le plus fier des hommes. C’est là qu’il repose ; il est placé là comme l’écho de tous les bruits de la nature ; son esprit est dans cet air, dans cette eau, dans les tourbillons de vent qui courent de l’un à l’autre. Le voile de la nuit semble fait pour le recouvrir, et les étoiles pour le regarder. C’est là qu’il se réjouit des cris déchirants de la tempête.

Gloire à toi, Liberté !


Il y a dans ces deux souvenirs de quoi rendre les univers ivres d’orgueil. Astres, tourbillons de lumière qui passez si loin de nous, grands mondes qui nous regardez avec des yeux si petits, combien nous devons vous paraître dégénérés, vous qui éclairâtes les pas des fondateurs de la liberté suisse. Chapeau bas ! courtisans, race esclave de naissance, malheureux qui vous découvrez devant les princes et blasphémez les noms du Christ et de Guillaume Tell, sublimes révoltés !

Grandiose et sauvage, aride et fertile à la fois, cette contrée perdue de la Suisse est la plus féconde en témoignages impérissables de grandeur. Comme dans tous les pays où les prodigieux ca-