Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce long ruban qui se déroule au-dessus des ruines du 183 manoir ? C’est le chemin creux où Gessler tomba sous le trait vengeur de Tell.

« Gloire à toi, Liberté ! »


« Waldstætten, vieux fumeur, crache encore ; encore un tour de roue. Les deux Nez, blocs énormes, s’avancent à la rencontre l’un de l’autre, et ferment l’horizon. Il semble que le lac finisse là. Mais à mesure que la vapeur gagne sur l’onde, se découvre une baie nouvelle, moins large que la précédente, mais déjà plus féconde en souvenirs historiques :

À gauche, séparé du reste du monde par les assises du Righi, Gersau dort au soleil avec ses fraîches prairies, ses riants vergers et ses volets verts. Ce fut l’occupation française, l’occupation partout maudite, qui ravit à cette jolie ville son indépendance, et la réunit au canton de Schwitz en 1799. — Dans le lointain, sur la même rive, la flèche de Schwitz s’élève sur son clocher, curieuse de voir la Confédération rangée tout autour d’elle. Schwitz : Suisse ! Salut à l’âme de l’Helvétie ! — À droite, Stanz la bien gardée, patrie de Nicolas de Flüe, dont les habitants se souvinrent de la valeur de leurs pères, et résistèrent jusqu’à la mort aux forces françaises qui ravageaient Unterwalden, sous les ordres du général Foy.

Gloire à toi, Liberté !


Le Waldstætten, le beau bateau, pénètre dans le