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vigne quand ils ont été foulés. On l’entendait pourtant s’écrier quelquefois : « Non, de pareils crimes ne peuvent rester impunis. Auparavant, le soleil cesserait de luire pour tous les jeunes Suisses, comme pour moi qui n’ai plus besoin que d’un tombeau. »

« Gloire à toi, Liberté ! »


— Un autre étudiant : « Cependant Arnold apprend que Laudenberg a fait aveugler son père. Il quitte de nuit la maison de Werner Stauffacher, son hôte, traverse le lac à la faveur d’un déguisement, et s’engage dans les défilés des montagnes d’Alpnach et de Sarnen qu’il connaît. Il revoit son père, et ne pleure pas. En le quittant, il jure sur sa tête mutilée de ne plus revenir dans les campagnes de Melchtal, avant qu’elles ne soient délivrées de la tyrannie.

« Dès cette heure en effet, il ne goûte plus le doux sommeil. Mais toutes les nuits il parcourt les trois cantons, depuis les bases des glaciers jusqu’aux bords du lac, cherchant, de porte en porte, des ennemis à l’Autriche. Dans toutes les cabanes il est bien reçu. La haine et le besoin de vengeance ont germé. Par ses soins, tous les glaives sont aiguisés, et toutes les armes prêtes à la conspiration sainte.

« Il revoit Werner Stauffacher, de Steinen ; Walter Fürst, d’Uri, et Conrad Baumgarten, qui avait tué le gouverneur de Rossberg pour sauver l’honneur de sa femme, et qui dérobait comme lui sa