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ciel, éternelle voyageuse qui parcours les univers sans te fatiguer jamais. Tu planes sur les cités avec des ailes d’or et ta splendeur attire nos regards. Étoile d’espérance, nous tendons les bras vers toi, procession de victimes qui nous déchirons les pieds aux cailloux du chemin.

Qui ne l’a rêvée ? qui ne s’est figuré le sourire de ses célestes traits et le regard d’amour de son œil fauve ? Et qui l’a vue de près ? Qui la verra jamais ? À mesure qu’on s’en approche, elle recule insaisissable, se dérobant toujours derrière de nouveaux travaux. Elle ne remplit pas notre vie ; elle la dévore et l’abrège.

Dis-nous Gloire, dis-nous combien tu en as conduits aux saturnales de la Folie, aux sombres festins de la Mort, et combien peu sont entrés, sur tes pas, dans des cieux triomphants ?

Pourquoi donc, ô la vierge insensible ! dédaigner les baisers des jeunes hommes ? Si du moins, tu pouvais rajeunir des vieillards, si 173 tu pouvais réveiller ceux qui dorment sous la pierre, et leur faire entendre les louanges que la postérité chante à leur mémoire !

Le marin arrive au pied du phare brillant, l’ancre au fond de la mer. L’homme de parti rêve fonctions, le pinson a son nid, le bourgeois son comptoir. Mais jamais le poète et l’artiste, jamais le guerrier au cœur de fer n’ont réalisé ce que leur promettaient leurs songes.

Le matin et le soir, il s’élève de la terre des voix ferventes qui disent ainsi :