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s’écrier : Je suis un grand Anglais ; mon nom finit en all, en son, en ith, en ams ; regardez-moi, mortels, je tiens le Mont-Blanc sous mes pieds !

172 Pourquoi ne pas ajouter, excentrique insulaire, que le sang s’échappe de tes narines, que tes yeux ne distinguent plus les objets, que tu es transi de peur et de froid, que tes jambes se dérobent sous ton orgueil, que tu respires à peine, et que tu n’es arrivé si haut qu’à travers mille morts ? Autour de toi, tout est couvert d’un linceul de neige ; aucun être ne peut vivre dans les déserts sublimes où les ouragans promènent leur allégresse !




D’où vient donc à l’homme l’ambition d’atteindre les sommets et de dérober le feu du ciel ? Pourquoi recherche-t-il les filles vierges, les dangers, et les entreprises inconnues ? Quel démon le pousse à risquer ses jours pour aller plus haut et plus loin qu’on ne le fit avant lui ?

Notre orgueil parle plus fort que notre prudence. Prométhée ! supplicié titanique, nous sommes bien tes fils. Par des chemins inexplorés nous arriverons jusqu’à toi, nous te délivrerons. Et le Dieu des vengeances, le Dieu tyran des hommes, reprendra ta place sous le bec du vautour.

L’individu professe le culte de lui-même ; il prétend se faire remarquer par ses semblables ; il s’éloigne de la route que suit la foule. La gloire élargit le chemin de l’humanité.

Gloire ! fille des monts, splendeur de l’arc-en--