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Citoyen du monde, écrivain, artiste, fort par le caractère, et grand par l’intelligence, il me donna son amitié et j’en suis plus fier que celle d’un homme célèbre.

170 Un jour, l’inflexible politique des gouvernements nous sépara…

Bien souvent depuis, j’ai couru le matin à ma fenêtre pour lui envoyer le bonjour accoutumé. Mais je ne retrouvais plus ni le Léman aux eaux claires, ni le soleil resplendissant sur le cristal mobile, ni la barque rapide, ni les côtes fertiles de la Savoie. À travers le brouillard matinal, je ne distinguais plus les maisons d’Évian couchées sur l’autre rive comme un troupeau de chèvres blanches… J’étais à Londres.

Que ces lignes te parviennent, ami, dans le triste Évian où la pauvreté t’exile. Ne meurs pas comme l’aigle qu’on retient captif ; le jour est proche où nous aurons besoin de ta tête et de ton bras.

Jusque-là, garde-moi ton amitié comme je te garde la mienne.

Et béni sois-tu, noble enfant de la Savoie !




Quand je mourrai, qu’on me porte aux rivages de la mer de glace, par un beau soleil levant.

Sur les pics des rochers on trouvera des oiseaux rouges qui salueront le retour de la lumière.

Qu’on suive un de ces oiseaux dans son vol bondissant ; il ira se poser sur le rosier des Alpes éclatant de fleurs de pourpre.